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Camel Joe ≡ Claire Duplan
Camel Joe
Claire Duplan
Éditions Rue de l’échiquier
2018
Merci aux éditions Rue de l’échiquier de m’avoir offert cet ouvrage !
La première bande-dessinée de Claire Duplan met en scène une jeune dessinatrice, Constance, qui crée le personnage de Camel Joe, une super héroïne qui s’attaque aux machos ! Certes, malgré un trait à la va-vite et une chronologie un peu confuse, j’ai aimé le fait de prendre confiance en soi et de se défendre face aux agressions ordinaires et malheureusement quotidiennes, et je suis persuadée que les prochains albums gagneront en puissance.
L’histoire
Camel Joe met en scène Constance, une jeune illustratrice freelance qui en a marre de se faire emmerder dans une société patriarcale. Entre deux missions freelance pour des dessins de publicités sexistes au possible, elle invente le personnage de Camel Joe, une super-héroïne qui utilise ses pouvoirs contre les hommes machos !
À travers les aventures de Camel Joe, Constance donne libre cours à ses fantasmes, et aussi aux nôtres : qu’aimerions-nous sincèrement répondre quand on se fait agresser dans la rue par un énième relou ? Sommes-nous si démunies que ça face à leur violence ?
Mon avis
Vous le savez, je lis peu de bandes-dessinées, mais la thématique féministe de celle-ci ne pouvait que m’intriguer.
Certes, j’apprécie l’écriture manuscrite très naturelle des bulles, ainsi que l’expression et la spontanéité du dessin, mais les dessins des silhouettes, des mains, des genoux, auraient pu être plus aboutis et plus soignés, d’autant plus que j’aime beaucoup la façon dont elle fait les visages. À vrai dire, je trouve dommage de dessiner un peu à la va-vite alors que l’œuvre, imprimée sur un bon papier, avec une couverture et des rabats super beaux, est vouée à durer dans le temps.
Concernant l’histoire, la démarche de Claire Duplan de créer l’image d’une femme forte qui tient tête au patriarcat est pertinente, dans la mesure où il est important d’avoir des modèles féministes, ancien·ne·s ou actuel·le·s, pour inspirer et élaborer collectivement notre culture féministe. Là, je pense clairement aux femmes fortes de la série Buffy contre les vampires qui ont peuplé mon imaginaire, mais qu’aucune autre héroïne n’a encore pu rivaliser. Ces figures héroïques nous encouragent à lutter contre la prétendue toute puissance masculine qui dominerait fatalement les femmes. Nous pouvons nous défendre, et nous le devons pour nous toutes.
Je n’ai pas toujours été emballée par l’humour de Claire Duplan, sans trop pouvoir définir pour quelles raisons (bon d’accord, j’ai trop ri avec l’extrait ci-dessus sur les règles !!). C’est un défi de faire rire du sexisme, et je suis sensible à des humours très particuliers, comme le cynisme ou l’absurde, tant qu’ils ont une dimension politique. L’histoire m’a aussi paru bancale et décousue, car il me semble qu’il y a un manque de clarté dans la chronologie, notamment lors de l’affaire de violences sexuelles à la Weinstein.
Ce passage, dans une mise en abîme intéressante, est au demeurant assez évocateur à plusieurs égards, car il réunit quelques-uns des fameux arguments anti-féministes souvent entendus et montre comment cette affaire a libéré la parole de certaines femmes.
J’ai apprécié le quotidien de Constance. D’abord, son métier d’illustratrice freelance en galère évoque forcément mes propres déboires en tant qu’éditrice freelance ; et ensuite ses confidences et ses coups de gueule avec ses amies, ses échanges et ses malentendus avec son copain. Comme elle, on se débat avec les préjugés sexistes, les différentes représentations de la féminité et nos convictions féministes parfois contradictoires. La bande-dessinée met par exemple en scène les aléas souvent cocasses liés aux injonctions de l’apparence (devoir prendre le temps de s’épiler, de « se faire belle ») et à la dictature du plaisir masculin (porter un pantalon moulant pour susciter le désir, mais ne pas avoir le sexe qui moule à travers — le fameux camel toe — pour ne pas être traitée de pute). Ainsi, l’héroïne dessinée par Constance revendique sa liberté mais s’approprie aussi pleinement les codes de la féminité, ceux-là mêmes que l’humanité masculine a forgés à son goût, au détriment des femmes.
Je me retrouve un peu dans cette femme de son temps, ordinaire mais politisée, probablement inspirée de la vie de la Claire Duplan elle-même, qui d’ailleurs ne manque pas d’autodérision. Alors, s’il est vrai que ce tout premier album quelque peu maladroit, et d’ailleurs préfacé par Pénélope Bagieu, ne m’a pas totalement plu, je suis persuadée que les prochains gagneront en maîtrise. Pour moi, c’est clairement une première œuvre chouette à découvrir qui demande à être nourrie et affinée, mais qui va m’inspirer pour le thème de ma soirée d’anniversaire des trente ans...
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Camel Joe
Claire Duplan
Préface en images de Pénélope Bagieu
Éditions Rue de l’échiquier
Collection Rue de l’échiquier BD
2018
120 pages
16,50 euros
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Tags : claire duplan, camel joe, féminisme, femmes, BD, bande dessinée, Rue de l'échiquier
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Commentaires
Il est vrai que je trouve le dessin n'est pas terrible.
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Jeudi 15 Novembre 2018 à 17:37
Héhé ! Et tu n'es pas la seule, mais ça n'empêche que dans l'ensemble j'ai aimé pour les thématiques abordées :)
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Pourquoi pas mais je n'aime pas ces gros pavés de textes...
Bon weekend
Oh y a pas tellement de pavés dans cette BD, mais c'est écrit gros donc ça donne peut-être cette impression ?