-
Bandini ≡ John Fante
Bandini
John Fante
Christian Bourgois éditeur
1985
Dans les années 1930 aux États-Unis, à l’approche de Noël, le père d’une famille italienne pauvre se demande comment il va offrir des cadeaux à ses enfants.
« Il était pauvre, il avait trois enfants, les macaroni restaient impayés, comme la maison qui abritait les trois enfants et les macaroni. Dieu est un chien1. »
Avec l’hiver et la neige, Svevo Bandini ne trouve plus de travail de maçonnerie. Noël approche, et il lui faut bien nourrir sa famille, alimenter le poêle et offrir des cadeaux à ses trois fils Arturo, August et Federico.
En mère et épouse incarnant à la perfection son rôle social, Maria se prive pour ses enfants et observe son mari avec une bienveillance infinie. Dans le dénuement le plus total, c’est la foi en Dieu qui lui permet de tenir et de continuer à affronter le regard des commerçants dont l’ardoise ne fait que s’allonger.
Opressé par ses dettes et le regard de sa femme dégoulinant d’une douceur passive, Bandini dilapide son argent au casino, car ses soirées avec son copain Rocco sont les seuls moments de répit d’une vie de misère. Mais la chance lui sourit, quand son ami lui parle d’une dame riche qui a besoin de travaux de rénovation.
« Demande à Dieu de nous accorder un joyeux Noël2. »
Dans la misère et l’immigration, chacun des membres de la famille réagit différemment. Arturo Bandini, le personnage récurrent de John Fante, est l’aîné des trois fils. Impertinent, arrogant, impulsif, Arturo est le petit caïd de son quartier.
D’un autre côté, Arturo souffre terriblement de la misère, de l’humiliation des siens et du racisme ; il souffre de la bigoterie de sa mère qui le fait vivre dans la culpabilité constante. Porté par ses rêves de gloire sur les terrains de baseball, il est autant capable des pires vilenies que d’une générosité toute enfantine.
Pour finir
Comment dire ? Chez John Fante, tout est excellent.
À commencer par les personnages comme Svevo et Arturo Bandini, attachants et néanmoins méchants et violents. C’est la société et les conditions de vie qui les empêchent de donner le meilleur d’eux-mêmes. S’il avait du travail, Svevo construirait tout un tas de maisons, car il porte en lui l’amour de la pierre et du travail bien fait. S’il le pouvait, Arturo serait généreux et moins violent. Mais la société ne leur a pas donné des conditions de vie décentes, ni même le droit de gagner leur vie honorablement. Comment conserver sa dignité et son amour-propre dans la misère ?
John Fante met en scène ses thèmes de prédilection : la pauvreté et le statut social, l’immigration et le racisme, le fanatisme et la résignation. Rien n’est superflu : ni dans le style direct et qui a l’air naturellement jailli du cerveau génial de John Fante ; ni dans l’histoire bien rythmée, car les scènes captent les traits de caractère des personnages et frappent par leur écriture cinématographique.
John Fante, c’est du brut, c’est du violent, c’est excellent.
Du même auteur
Lisez aussi
La Tête hors de l'eau Dan Fante
En crachant du haut des buildings Dan Fante
Tribulations d'un précaire Iain Levison
Un petit boulot Iain Levison
Le Cœur au ventre Thierry Maricourt
Retour aux mots sauvages Thierry Beinstingel
L’Homme au marteau Jean Meckert
Je vous écris de l'usine Jean-Pierre Levaray
Un job pour tous Christophe Deltombe
L'Histoire de Bone Dorothy Allison
Dandy Richard Krawiec
Boulots de merde ! Enquête sur l'utilité et la nuisance sociales des métiers Julien Brygo et Olivier Cyran
La révolte à perpétuité Sante Notarnicola
1. Page 13. -2. Page 21.Bandini
(Wait Until Spring, Bandini, titre original)
Traduit de l’anglais (américain) par Brice Matthieussent
John Fante
Éditions 10/18
1988
272 pages« Le Complexe d’Eden Bellwether ≡ Benjamin WoodBibliolingus a trois ans : bloguer, pour qui, pour quoi ? »
Tags : John Fante, Brice Matthieussent, Bandini, Arturo, Etats-Unis, Colorado, immigration, pauvreté, dignité, misère, adolescence, ascenseur social
-
Commentaires
Ah bon ?! C'est dommage ! Pourquoi tu n'accroches pas ? Tu as publié une chronique d'un Fante sur ton blog ? Je n'en ai pas trouvé, mais j'aimerais bien avoir ton avis alors !
Non, pas de chroniques car je l'aile il y a des années. A l'époque, il ne m'avait pas convaincu, et je n'ai pas récidivé. Du moins pas encore.
Ajouter un commentaire
Un auteur avec lequel j'ai du mal.