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Par Lybertaire le 15 Janvier 2019 à 14:21
Mort au capitalisme ! Livre de coloriage !
Stephanie McMillan
Éditions Libre
2018
« Il doit bien y avoir un moyen de limiter l’accès à l’oxygène pour que je puisse le transformer en marchandise… »
Stephanie McMillan propose un livre de coloriage pour enfants engagé et pédagogique. Accessible à différents âges, il réunit une cinquantaine de vignettes visant à expliquer en quoi le capitalisme est « omnicidaire ».
Dans le système capitaliste, tout est rendement, exploitation, destruction : la nature, les êtres humains, les animaux, les végétaux, les minéraux... Seule une poignée d’êtres humains profite de la privatisation des richesses naturelles et collectives : ainsi, la majorité de la population se retrouve dépossédée du minimum vital et coupée de ses liens ancestraux avec la Terre.
La propagande capitaliste entretient l’illusion que l’argent et l’accumulation de biens industriels sont sources de bonheur et de réussite, et la mentalité libérale laisse croire que tout cela est accessible au plus grand nombre, avec un peu de motivation. En transformant les éléments naturels en « ressources », le capitalisme façonne une vision utilitaire de la planète et phagocyte le monde à une vitesse vertigineuse, au-delà de ce que peuvent supporter la Terre et son écosystème. À court terme, il détruit l’habitation des êtres humains et de l’ensemble du vivant.
Pour défendre la planète et l’ensemble des vies qu’elle héberge, il faut s’unir et renverser le capitalisme — et je dirais même la civilisation industrielle. Pour cela, nous devons véritablement faire de la place dans nos vies personnelles pour lutter, et ne pas se contenter de petits gestes quotidiens et dérisoires. Stephanie McMillan explique avec pertinence que toutes les stratégies et tous les activismes ne se valent pas, que le capitalisme récupère les luttes pour les rendre inoffensives et en tirer profit d’une manière ou d’une autre.
Dans cette société malade, nous voulons préserver le plus longtemps possible l’innocence des enfants, mais iels comprennent plus de choses qu’on ne le croit et ressentent les injustices. Il n’est pas trop tôt pour cultiver chez elleux le sentiment de la justice et pour les rendre acteurices du monde qui leur appartient.
Ce livre de coloriage, publié par les éditions (indépendantes) Libre et notamment diffusé par mon association AlterLibris, m’a beaucoup plu, car il offre une occasion parfaite pour expliquer certaines notions, créer un moment d’échange entre parents et enfants, et transmettre vos convictions !
Lisez aussi
Ne nous mangez pas ! Ruby Roth
Mort au capitalisme ! Livre de coloriage !
Traduction de l'américain par Jessica Aubin
Stephanie McMillan
Éditions Libre
2018
52 pages
7 euros
(dispo sur alterlibris.fr, ma librairie associative)
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2 commentaires -
Par Lybertaire le 9 Septembre 2018 à 13:47
Zone 2
Mary Aulne
Yucca éditions
2016
Merci aux éditions Yucca, partenaire de mon association Alterlibris, de m’avoir offert cet ouvrage !
Ce court roman, destiné aux plus de 14 ans d’après la maison d’édition, est le récit d’une adolescente qui retourne vivre dans une petite ville près de Tchernobyl. Zone 2 est un roman bien écrit et engagé, accompagné en plus d’un dossier pédagogique pour l’étudier en classe.
« Ici, comme dans d’autres endroits du monde, seules les mères ont encore des larmes. Les autres sont résignés1. »
Quelques années après la catastrophe de Tchernobyl, Karina et ses parents reviennent à Bazar, dans leur village en Ukraine, dans la zone la plus irradiée. Bazar a bien changé. Les maisons sont en ruine, les rues sont désertées. Les visages déjà vieux, fatigués, résignés, disparaissent prématurément.
À Bazar, l’hiver emprisonne tout élan de vie, et il dure très longtemps. Mais lorsque le printemps revient, la forêt de Bazar semble reprendre ses droits sur la catastrophe, arborant ses feuilles verdoyantes et curieusement difformes, celles que Karina aime collectionner dans son herbier.
C’est dans l’ancien théâtre, désormais lieu de rendez-vous de la jeunesse « bazaroise », que Karina rencontre ses nouveaux·elles ami·e·s. Avec elleux, elle se sent vivante, elle ne veut pas lâcher du terrain au césium qui s’infiltre sournoisement dans les moindres parcelles de vie, qui confisque l’espoir et le destin des habitant·e·s, qu’iels soient riches ou pauvres.
Rencontre avec le livre
Ce court roman, destiné aux plus de 14 ans d’après la maison d’édition, est le récit d’une adolescente qui vit ses premières expériences d’amour et d’amitié, d’espoirs et de désillusions, comme tous les ados, même si à Bazar, ville proche de Tchernobyl, la vie est un peu différente.
Au-delà d’une écriture sensible, fluide, soignée, agréable à lire à voix haute, ce roman me semble réussi à plus d’un titre. Sur le plan romanesque, l’histoire est simple mais forte, et insuffle l’envie de se battre, malgré les difficultés, de croire en soi, en ses projets. J’ose croire que mon adolescence n’est pas encore si loin, car j’ai retrouvé des sensations à la lecture de Zone 2, notamment ce sentiment de dissociation entre le corps et l’esprit suite à un chagrin d’amour.
D’autre part, ce roman porte en lui une dimension écologique et engagée qui a tout pour me plaire. Je souhaite que ce roman aide nos jeunes lecteur·rice·s à comprendre à quel point les risques inouïs que représente l’énergie nucléaire est indéfendable, et qu’il est essentiel de gagner en sobriété énergétique pour ne plus dépendre d’une telle bombe à retardement. Les dernières pages sont d’ailleurs consacrées à une présentation de la catastrophe de Tchernobyl et de l’uranium nécessaire à la production de nucléaire.
Avec Zone 2 (disponible sur le site d'Alterlibris, ma librairie associative), la maison d’édition associative Yucca fournit un bel objet, à la fois esthétique, qualitatif et engagé. La couverture de Laure Cadars est belle et réussie, avec ces mains unies dans les tons noirs crayonnés et le jaune lumineux, celui de la radioactivité. Hormis l’odeur que j’aime beaucoup, la main du papier (la « raideur ») permet de bien ouvrir le livre, ce qui compte pour moi même si j’en parle moins dans mes dernières chroniques. Je le souligne ici car ça me semble contribuer à la découverte et à l’amour de la lecture chez le jeune lectorat. J’aime bien la mise en page qui intercale justement le symbole de la radioactivité entre chaque chapitre, comme un rappel lugubre de l’univers dans lequel évolue Karina. Enfin, le roman peut être étudié en classe puisqu’un dossier pédagogique est accessible sur le site des éditions. Je n’ai pas encore d’adolescent·e dans mon entourage, mais si c’était le cas je n’hésiterais pas à lui offrir Zone 2 !
« Oui. Les habitants de Bazar vivaient comme le reste du monde. Avec leurs doutes et leurs peurs, ils dansaient leur vie sur la même musique. Ou presque… Car derrière la litanie, en tendant l’oreille, on pouvait percevoir le grincement du violon. Un crissement insidieux. Un petit son aigu et bien réel. Biiiiiiiiip… Biiiiiiiiip… Le crépitement du compteur Geiger2. »
Lisez aussi
Dysfonctionnelle, Axl Cendres
Les Mains dans la terre, Cathy Ytak
Sur le dos de la main gauche, Anahita Ettehadi
1. Page 13. -2. Pages 29-30.
Zone 2
Mary Aulne
Yucca éditions
2016
124 pages
8 euros
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Par Lybertaire le 6 Décembre 2017 à 16:35
Ne nous mangez pas !
Vivre en respectant les animauxRuby Roth
Éditions L’Age d’homme
2014
Ruby Roth, autrice et illustratrice, consacre un très bel album jeunesse sur le véganisme et l’antispécisme. Intelligent, particulièrement esthétique et puissant, cet album publié par les éditions L’Âge d’homme, nourrira la sensibilité des enfants de plus de 4 ans et leur donnera le goût d’un monde respectueux et juste. J’ai adoré et admiré cet album !
« Lorsque nous traitons les animaux avec respect, nous faisons la paix dans le monde. »
C’est d’abord le dessin de Ruby Roth qui m’a saisie. Il est esthétique, doux et puissant, expressif et drôle. Les couleurs chaleureuses et la mise en lumière sont profondes et texturées. Les formes sont très rondes et géométriques : le groin du cochon est un rond presque parfait et bien plat, les queues des vaches et des singes sont des spirales carrées, les fleurs ont des formes régulières et symétriques.
Tantôt les illustrations couvrent tout l’empagement, et le texte est mis en valeur par la réserve blanche, tantôt le fond est blanc et le texte noir pour mieux faire surgir les animaux.
C’est ensuite le texte qui me semble bien amené. Il aborde en effet trois thèmes : les animaux sont des êtres sensibles qui n’ont pas à être élevés ni mangés ; les êtres humains et les animaux sont des Terriens, quels que soient l’apparence et le mode de vie (c’est l’antispécisme) ; les animaux dans leur milieu naturel forment un écosystème que nous, humain∙e∙s, devons préserver et non pas détruire.
Par opposition au bien-être des animaux observé par l’éthologie (l’étude du comportement animal), la souffrance animale est illustrée par le visage triste des animaux. Pas de sang ni de mutilations, car ce n’est pas nécessaire de montrer tout cela à un enfant qui comprend très bien. Le dessin sur fond blanc est tacheté d’éclats de peinture, étroit, sombre.
Mon avis
L’album de Ruby Roth, un des livres phares du véganisme destinés aux enfants (à partir de 4 ans), est efficace et se lit à différents âges. Appuyé d’un dessin qui a fait son succès, il explique en quoi la souffrance animale est injuste et, en guise de conclusion, il s’achève sur une page de conseils véganes adaptés aux enfants, laquelle peut être relue à plusieurs stades de l’enfance.
Voilà un album que je ne peux que vous recommander. Si vous, en tant que parent∙e, êtes hésitant∙e sur la légitimité du véganisme, alors cet album est probablement l’occasion d’apprendre aux côtés de votre enfant pourquoi nous devons respecter les animaux, ces personnes non humaines. Et ce sera l’occasion pour moi, bientôt, de vous conseiller des livres de recettes végétales !
Voir aussi
Le blog Enfant végé
Lisez aussi
Planète végane Ophélie Véron
Les animaux ne sont pas comestibles Martin Page
Antispéciste Aymeric Caron
Les Moissons du futur Marie-Monique Robin
Zoos. Le cauchemar de la vie en captivité Derrick Jensen
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer
Théorie du tube de dentifrice Peter Singer
La Libération animale Peter Singer
La vie secrète des animaux Peter Wohlleben
Dans la tête d’un chat Jessica Serra
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Ne nous mangez pas !
Vivre en respectant les animaux
(That’s why we don’t eat animals, traduit de l’anglais par Laure Gall)
Ruby Roth (texte et illustration)
Éditions L’Age d’homme
Collection V
2014
17 euros
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