• Le bleu entre le ciel et la mer ≡ Susan Abulhawa

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    Le bleu entre le ciel et la mer

    Susan Abulhawa

    Éditions Denoël

    2016

     

    « Sans un mot, ils s’éloignèrent de ce qui constituait leur vie, laissant derrière eux ces nouveaux soldats victorieux ivres d’une lointaine animosité, dans laquelle la convoitise et le pouvoir se conjuguaient avec Dieu1. »

    Le « bleu entre le ciel et la mer », c’est le rivage « situé au carrefour de trois continents2 », où se déroulent les grandes fêtes familiales palestiniennes. Cette bande de terre, c’est Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert, la plus densément peuplée au monde et sous embargo israélien. 

    Ce roman familial commence dans le village ancestral de Beit Daras, au nord de Gaza, où les ruines d’une citadelle d’Alexandre le Grand abritent les rendez-vous des jeunes amoureux·ses.

    Mais à partir de 1947, la Nakba (la « catastrophe ») interrompt le cours normal de la vie : l’armée israélienne bombarde le village et commet envers les Palestinien·nes des crimes atroces et sadiques. Les survivant·es n’ont d’autre choix que de fuir au sud et repartir de zéro dans les camps de réfugié·es, « au cœur même du déracinement et de l’errance3 ».

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    Mon avis

    Le bleu entre le ciel et la mer, écrit par la romancière américano-palestinienne Susan Abulhawa, montre la puissance évocatrice éminemment politique de la littérature, celle que je défends depuis 2012.

    Dans un enchevêtrement générationnel dominé par des femmes fortes et courageuses, Susan Abulhawa parcourt un demi-siècle d’histoire palestinienne sous colonisation israélienne : la Nakba qui a forcé 700 000 personnes à l’exil ; la guerre des Six-Jours en 1967 qui a provoqué un second exil ; les intifadas et leurs martyrs « fauchés prématurément pour une consécration ridicule4 »… 

    Face au fascisme, à la colonisation et au sionisme, Susan Abulhawa offre une galerie de personnages intimes et dignes, qui redonnent de la chair et des émotions à des drames froidement énoncés sur une fiche Wikipédia. Ils évoquent la souffrance, la solitude de l’exil, la maltraitance et l’abandon, la spiritualité et la foi. Oum et le djinn Souleyman, Nazmiyé la matriarche impertinente, Nour l’égarée, Mariam l’éternelle, Mamdouh l’exilé, Khaled le messager, tous ces personnages donnent à voir un peuple constamment déshumanisé et animalisé par l’état d’Israël et les médias français d’extrême droite.

    La plume poétique et pudique de Susan Abulhawa insuffle en nous une profonde empathie. Comme le dit Tzvetan Todorov, la littérature a pour fonction de nous ouvrir à l’humanité des autres et « permet à chacun de mieux répondre à sa vocation d’être humain». Restons humain·es. 

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    Le bleu entre le ciel et la mer

    (The Blue Between Sky and Water)

    Susan Abulhawa

    (traduit de l’anglais par Nordine Haddad)

    Éditions Denoël

    2016

    432 pages

    22,50 euros

    1. Page 51. -2. Page 96. -3. Page 74. -4. Page 249. -5. Page 16 de La Littérature en péril de Tzvetan Todorov.

    « Vous vouliez ma chaleur, vous aurez mon feu ≡ Paulo Higgins21 septembre ≡ Journée internationale de la bibliodiversité »
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