• La Saga de la banane ≡ Alistair Smith

    La Saga de la banane Alistair Smith Bibliolingus

     

    La Saga de la banane
    Alistair Smith
    Éditions Charles Léopold Mayer
    2010

     En partenariat avec Natasha des Échos verts

    La banane, le fruit le plus consommé au monde, cristallise tous les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Le président de l’association Banana Link témoigne de vingt ans de mise en réseau des acteurs pour transformer durablement la filière autour d’une « banane solidaire ».

    « Le fruit est bon marché parce qu’il est produit aux dépens des travailleurs et des ressources naturelles1. »

    La banane, le fruit le plus consommé au monde, cristallise tous les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Enjeux écologiques d’abord, puisque l’utilisation intensive de pesticides et intrants chimiques affectent la santé des travailleurs et des consommateurs et entraînent la destruction pure et simple des écosystèmes et de la biodiversité.

    Enjeux sociaux ensuite, car les conditions de travail sont terribles, dans une course effrénée au dumping social : rémunération dérisoire, criminalisation du syndicalisme, travail des enfants…

    Enjeux économiques enfin, puisque les producteurs des pays du Sud gagnent à peine de quoi survivre tandis qu’à l’autre bout de la chaîne les distributeurs des pays riches prennent une marge de presque la moitié du prix de la banane payé par le consommateur.

    Alistair Smith, le président de l’association Banana Link, témoigne de vingt ans de travail pour transformer la filière autour d’une « banane solidaire ». L’objectif ? mettre en réseau les acteurs de la filière, faire entendre les syndicats de travailleurs, sensibiliser les citoyens-consommateurs et mettre en place le commerce équitable de la banane.

    Seulement les obstacles sont de taille, puisque l’UE dans les années 1990-2000 a libéralisé le marché de l’importation, en allant dans le sens de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Par ailleurs, si les multinationales et les compagnies bananières, avec la complicité des gouvernements, promettent d’améliorer les conditions de vie et de rémunération, elles font surtout du greenwashing en apaisant les critiques des consommateurs ! Par ailleurs, en faisant pression sur les prix, les distributeurs des pays riches exacerbent la concurrence entre les pays du Sud producteurs de bananes. Mais l’un des objectifs de l’association est justement de créer la mise en réseau des syndicats bananiers d’Afrique et d’Amérique latine pour gagner du poids en négociation.

    Alistair Smith présente donc l’histoire de la filière et le marché au début des années 1990, et raconte comment ils agissent sur le terrain : par le renforcement des syndicats chez les producteurs, la mise en réseau des acteurs de la filière (travailleurs, producteurs, ONG, gouvernements, multinationales, distributeurs, consommateurs), l’instauration et le contrôle de codes de conduite, de quotas et de labels de commerce équitable.

    Pour finir

    La Saga de la banane témoigne de la transformation institutionnelle de la filière de la banane parce que c’est l’industrie agro-alimentaire la moins complexe pour analyser les enjeux économiques, sociaux et écologiques.

    Certes, je m’attendais à moins de pourparlers et à davantage d’actions coups de poing, mais la méthode adoptée par l’association Banana Link est d’encourager le dialogue entre les acteurs de la filière. Au résultat, si le texte est un peu emprunt du ton consensuel des multinationales et des gouvernements, et qu’il aurait mérité un glossaire et quelques schémas schémas supplémentaires, il est bien utile pour comprendre le fonctionnement du commerce international et les rapports de force entre les acteurs. En fait, plus on entre dans les détails de l’affaire, plus on se rend compte que chacun tient les couilles de son voisin dans une situation immuable et inextricable.

    Comme tous les autres livres publiés par les éditions associatives Charles Léopold Mayer (disponibles dans la boutique de mon association Alterlibris), il est écrit par un acteur interne du système qui est critiqué, et c’est ce qui fait la qualité et la rareté de ce témoignage. Les éditions Charles Léopold Mayer ont un fabuleux catalogue d’ouvrages sur la gouvernance locale et mondiale, l’écologie et les biens communs, qui mêlent toujours le théorique et le concret. Les éditions associatives proposent même les ouvrages gratuitement en PDF six mois après leur parution, ouvrages d’ailleurs imprimés sur un papier d’autant plus agréable au toucher et à l’œil qu’il est recyclé.

    La Saga de la banane permet de se rendre compte que les citoyens-consommateurs peuvent être les premiers acteurs du changement : il ne tient qu’à nous de nous emparer de ce pouvoir ! Certes, nous devons accepter de payer le prix juste : celui qui internalise véritablement les coûts écologiques et sociaux de la production. Nous sommes trop habitués à tout payer le moins cher possible, sans tenir compte des effets néfastes de la production sur l’environnement et la santé ; effets que de toute façon nous payerons à terme pour nous soigner et réparer les dégâts écologiques. Manger équitablement au quotidien est un acte politique à part entière.

    « Si vous, les consommateurs, aviez connaissance de tout le sang, toute la sueur, toutes les larmes qui sont derrière cette peau de banane, vous vous poseriez bien des questions au moment de votre achat2. » (Travailleuse de la banane, Amérique centrale, dans une réunion publique en Angleterre en 1997)

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    50 idées reçues sur l’agriculture et l’alimentation Marc Dufumier

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    En partenariat avec Natasha des Échos verts pour son éco-défi de novembre Découvrir des lectures engagées et inspirantes

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    1. Page 152. -2. Page 277.

    La Saga de la banane
    Vers des filières équitables et durables
    Alistair Smith
    Pierre Vuarin (préface)
    Éditions Charles Léopold Mayer
    2010
    288 pages
    21 euros
    (dispo sur alterlibris.fr, ma librairie associative)

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  • Commentaires

    1
    Lundi 16 Novembre 2015 à 14:38
    Alex-Mot-à-Mots

    On en apprendra jamais assez sur des enjeux qui nous dépassent.

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